[Bonnes feuilles] La marche d’inspiration : un outil puissant pour les décideurs

Dans un monde où tout va vite, où les agendas débordent et où la pression des décisions stratégiques est constante, il devient essentiel de créer des espaces pour penser autrement. La marche d’inspiration, loin d’être une simple balade, est un levier précieux pour les chefs d’entreprise, dirigeants, entrepreneurs et freelances en quête de clarté. En sortant du cadre habituel, elle favorise le recul, stimule la créativité, et reconnecte l’intuition à l’action. C’est dans ce mouvement simple et naturel que naissent parfois les idées les plus justes et les décisions les plus alignées.

 

La marche d’inspiration est une pratique solitaire qui sert à générer des idées pour lever un doute personnel, par la mise en correspondance de son questionnement et des évocations générées par l’environnement traversé.

 

La marche d’inspiration : qu’est-ce que c’est ?

Cette pratique s’appuie sur les multiples pouvoirs de la marche (intellectuel, sensible, physique, existentiel), et comporte par conséquent des similitudes avec le coaching en marchant, la marche créative, la sylvothérapie, la marche de pleine conscience et la marche de réinsertion. Ce qu’elle apporte en plus, c’est une dimension relationnelle, de correspondance avec l’environnement traversé, et, par là, autobiographique.

La dimension autobiographique est la véritable spécificité de la marche d’inspiration vis-à-vis de toutes les pratiques dont on a parlé. La marche d’inspiration a une finalité bien à elle : prendre les décisions qui permettent de trouver la direction à donner à la suite de sa trajectoire de vie. Cette direction se trouve quelque part entre ce que vous avez envie de faire de votre vie et ce que votre environnement de vie vous offre comme opportunités, en partant de là où vous vous situez sur le chemin de votre vie – et précisément, de votre marche. Vous « inspirez » ce que le chemin de la marche vous offre, et « expirez » une idée éclairante, une décision, une réorientation, un nouveau projet de vie.

Ainsi, la marche d’inspiration serait un peu comme du coaching en marchant qui se pratiquerait en solitaire, avec toutefois deux guides : nous-mêmes, et l’environnement. Pendant la marche d’inspiration, nous mixons marche créative et marche sensible en conscientisant et en recherchant toute stimulation sensorielle, émotionnelle, et imaginaire, pour faciliter l’émergence d’idées complètement nouvelles, et pertinentes vis-à-vis de notre objectif, de la décision à prendre. Cette technique ne se pratique pas exclusivement en forêt, comme la sylvothérapie ; d’ailleurs, en forêt, l’attention ne se limite pas aux arbres. Elle peut se pratiquer dans n’importe quel milieu : urbain, rural, naturel… C’est même conseillé de traverser des milieux divers pour varier les stimuli et, par là, les idées qui vont éclairer nos décisions.

La marche de pleine conscience, qui se pratique également en silence et en solitaire, pourrait faire office d’échauffement pour celle-ci, pour vider l’esprit de toutes pensées, préoccupations, contraintes parasites. De décision en décision, un nouveau projet de vie se construit : voilà pourquoi la marche d’inspiration entre en résonance avec la marche de réinsertion.

La marche d’inspiration est une technique autobiographique de développement personnel.

 

La marche d’inspiration est un mini-voyage

La vie est un voyage, n’est-ce pas ? Une suite d’étapes, d’apprentissages, d’expériences, de rencontres… et, in fine, de décisions sur l’orientation à prendre. Ces décisions, l’une après l’autre, façonnent notre trajectoire de vie, notre biographie. Et que fait-on quand on a l’impression de manquer d’énergie, que notre vie devient moins intéressante, qu’on a besoin de se changer les idées, pour mieux repartir ensuite ? En d’autres termes, que fait-on quand on a besoin d’un « surplus de vie », d’un nouveau départ ? On part en voyage ! Un peu comme si la vie et le voyage étaient des vases communicants ; à force de vivre on a envie de voyager, voyager nous redonne envie de vivre… Plus encore, vivre nous donne des idées ou des objectifs de voyage, voyager nous donne des idées ou des objectifs pour notre trajectoire de vie.

Le voyage à pied est particulièrement porteur de changements, et même de ce fameux « surplus de vie ». Mais pas n’importe lequel ! Pas celui du sportif qui part pour réaliser une performance (relier tous les sommets de plus de 8 000 mètres de l’Himalaya, par exemple) ; ni celui du groupe d’amis qui part à la découverte d’une région objet de fantasmes (comme la Scandinavie) ; ni celui du journaliste ou de l’écrivain qui a signé un contrat avec une maison de presse, d’édition ou une société de production télévisuelle avant de partir. Plutôt celui d’un quadra qui a fait un burn-out et qui désire le silence de la steppe de Mongolie ; d’une mère de famille qui a perdu son enfant et qui veut noyer son regard dans la mer du Nord ; d’un couple qui se met à l’épreuve avant de s’engager en traversant le désert du Takla-Makan ; d’un actif bientôt retraité un peu poète qui nourrit son inspiration en allant marcher tantôt dans les Highlands écossais, tantôt juste à côté de chez lui dans les Alpes. Qu’ont en commun ces genres de marches ? Trois caractéristiques essentielles de la marche d’inspiration, qui, toutes, en favorisent la dimension biographique : alterner entre respect de l’itinéraire et improvisation ; faire de l’inattendu une ressource ; être pleinement présent pendant sa marche.

 

Choisir son chemin… et changer de chemin !

Pendant mes années dans la recherche, j’ai été invitée à un congrès des associations européennes de réinsertion de jeunes délinquants par la marche (dont je vous ai déjà parlé plus haut). Il m’a fallu peu de temps pour émettre mon hypothèse sur le taux relativement élevé de récidive qui questionnait et préoccupait les associations lors de congrès (il n’est pourtant pas si élevé, ce qui témoigne du niveau d’exigence de ces associations !). L’itinéraire de ces marches est décidé à l’avance par l’association ; aucune liberté n’est laissée au jeune de concevoir ou de modifier l’itinéraire proposé. Or, un voyage itinérant rebat les cartes, clarifie les idées et change la vie aussi parce que la zone traversée, les points d’intérêt, et les étapes, résonnent d’une manière ou d’une autre avec l’histoire de vie et les aspirations du voyageur. C’est pour cela que ce voyage génère les bonnes idées, permet la prise de décision et pousse à l’action. Ou, du moins, parce que le voyageur se donne la liberté de changer ces paramètres pendant le voyage, lorsqu’il se prend au jeu des correspondances au cœur de la marche d’inspiration, et qu’il se laisse attirer dans des chemins de traverse révélateurs de sens.

Les itinéraires tout faits et imposés empêchent le voyageur de se mettre en relation avec l’environnement, de le valoriser et d’y prêter attention pendant la marche. Les milieux traversés ne sont que le cadre, un simple contexte, un « dû » qui n’est pas intégré à l’expérience. Or, c’est précisément la relation à l’environnement qui rend la marche d’inspiration efficace ! Et, par là, qui permet la prise de décision et le passage à l’action. Dans mes accompagnements, il peut m’arriver d’imposer un itinéraire si j’accompagne un groupe de stagiaires ; dans ce cas, je fais toujours en sorte qu’il y ait des variantes dans les chemins empruntés, pour que chaque personne puisse suivre ses envies et prendre des chemins de traverse si et quand elle le souhaite.

La marche d’inspiration prévoit toujours un itinéraire au départ, que l’on peut modifier en cours de route. C’est d’ailleurs le sens (figuré) du mot « itinérance » : un peu d’itinéraire, un peu d’errance, c’est-àdire d’improvisation autour de l’itinéraire. Fixer un itinéraire (même dans les grandes lignes) au départ est essentiel pour marcher à partir de là où on en est, pour ancrer l’état de ses connaissances, de ses limites et de ses aspirations. Le modifier revient à se doter progressivement d’un pouvoir d’agir et à se tourner vers le changement.

Ainsi, l’itinérance, entendue au sens d’un mélange d’itinéraire et d’errance, est la première caractéristique singulière de la marche d’inspiration. On peut alors parler de la marche d’inspiration comme d’une technique autobiographique de développement personnel fondée sur l’itinérance.

 

Êtes-vous plutôt itinéraire, errance ou itinérance ?

Que ce soit lors de vos voyages, ou lors de marches en ville ou dans la nature pour vous ressourcer, vous avez sûrement une manière préférée de vous orienter. Aimez-vous établir et respecter un programme ? Ou préférez-vous n’en avoir aucun et flâner ? Vous arrive-t-il de modifier le programme une fois sur place, suivant votre curiosité ou vos envies ?

Quelle que soit votre préférence de départ, imaginez votre ressenti si vous deviez changer de modalité, et renoncer à votre modalité préférée, en ajoutant ou en enlevant des contraintes d’itinéraire. Familiarisez-vous avec ce ressenti : s’agit-il d’agacement ? D’effervescence ?

Qu’auriez-vous à perdre en changeant de modalité ? À gagner ? Vous pouvez également faire le lien avec un processus récent de prise de décision. Comment réagiriez-vous si vous étiez obligé de revenir sur celui-ci, de reconsidérer les réflexions qui vous y ont amené, de vous y prendre autrement ?

Vous poser ces questions vous aide à prendre conscience de votre préférence en matière d’orientation, et de votre manière de réagir lorsqu’il s’agit d’en changer. Vous appréhenderez ainsi mieux la première caractéristique de la marche d’inspiration : l’itinérance.

La caractéristique suivante de la marche d’inspiration représente un véritable défi : l’ouverture à l’inattendu.

 

L’inattendu, une ressource fondamentale

Lors de ma première marche d’inspiration déterminante dans l’orientation de mon avenir professionnel, j’ai vécu deux expériences inattendues : la porte qui ne se ferme pas au départ, et l’accident de scooter de mon fils pendant la marche. Au lieu de simplement les constater, j’ai « problématisé » ces expériences qui, pour quelqu’un d’autre, ou à un autre moment de ma vie, auraient été des non-événements. Ces imprévus m’ont indiqué la direction à suivre pour trier mes options.

L’inattendu est un cadeau

C’est parce que j’ai l’habitude d’accueillir l’imprévu comme un cadeau que je suis parvenue à en faire une ressource pour le développement de mon projet professionnel, et plus largement de ma vie. Mais cette habitude, il a fallu la construire progressivement.

En raison de notre instinct de survie, de nos biais cognitifs, de notre éducation, et de plusieurs événements qui ont marqué négativement notre trajectoire de vie, nous avons plutôt la tendance à réagir à l’inattendu, à l’imprévu, à l’obstacle, en nous y opposant. L’être humain, spontanément, n’aime pas l’incertitude. Alors il fait tout soit pour l’éviter, soit pour la gommer aussi vite qu’elle est apparue.

Or, la marche d’inspiration ne « marche » que si on accueille, mieux, si l’on cherche toute source possible d’incertitude, toute chose qui génère en nous une réaction d’opposition, des doutes, mais aussi de la curiosité, tout ce qui interpelle, qui sort de l’ordinaire, qui ne correspond pas à ce qu’on vit habituellement et à ce qui nous entoure au quotidien. Et l’accueil de l’inattendu, prérequis de tout questionnement à son sujet, n’est possible que si l’on suspend tout jugement – négatif ou positif – face à l’événement, lieu, objet, rencontre… qui en est à l’origine. Au lieu de dire « c’est nul », « c’est beau », on se pose tout simplement la question suivante : pourquoi cela m’interpelle ? Les Québécois ont cette expression si parlante (comme souvent !) pour formuler la même question autrement : pourquoi cela vient me chercher ? En d’autres termes, qu’est-ce que cela peut signifier au regard de mon questionnement, de mon dilemme, de mon doute ? De la décision que je dois prendre ?

On cherche la surprise, plus qu’une confirmation ; un signal, plus qu’un repère ; un signe, plus qu’une réponse. En ce sens, la « chose » qui nous surprend, ce n’est pas tout à fait un symbole, qui parlerait à tout le monde de la même manière : c’est un indice. Avant d’aller plus loin, c’est important de comprendre ce que c’est qu’un indice, sinon on risque de rater sa marche d’inspiration.

L’inattendu est un indice

Pour vous convaincre que l’inattendu, dans la marche d’inspiration, n’est pas un symbole qui parlerait à tout le monde, mais un indice qui ne parle qu’à vous, mettons-nous d’abord d’accord sur ce qu’on entend par symbole. Un symbole, selon la définition du dictionnaire Larousse, est un « signe figuratif, un être animé ou une chose, qui représente un concept, qui en est l’image, l’attribut, ou l’emblème ». Par exemple le drapeau est le symbole de la patrie. Le symbole a deux propriétés : il a une existence propre, il nous précède ; et ce qu’il représente est général. C’est-à-dire : il a le même sens pour tout le monde. Pensez aux drapeaux français agités par des milliers de personnes lors des matchs de notre équipe nationale de rugby.

Or, « ma » porte qui ne se ferme pas de l’extérieur est certainement un symbole : la porte depuis qu’elle a été inventée est le symbole de ce qu’on quitte et de ce qu’on trouve, c’est un seuil, qui représente la transition, le changement, le choix pourquoi pas. Premier décalage par rapport à la nature du symbole, « ma » porte, en plus d’être une porte, peut m’enfermer à l’intérieur, mais ne se ferme pas de l’extérieur. Et c’est surtout cette particularité qui est intéressante. « Tu te sens enfermée ? Tu veux aller ailleurs ? Apprends plutôt à fermer des portes. Tu ne partiras pas ailleurs tant que tu n’auras pas fermé derrière toi. » C’est mon interprétation. Quelqu’un d’autre aurait pu lui donner une autre interprétation. Voire rester complètement insensible à cette histoire de porte qui ne se ferme pas. « Ma » porte n’est donc pas préexistante, elle se met à exister parce que ça me surprend, parce qu’elle est la protagoniste d’un événement inattendu qui m’interpelle fortement, et qui m’envoie un message précis, relatif à ma situation personnelle. « Ma » porte n’a pas non plus une portée générale.

C’est en ce sens que ce qui interpelle pendant une marche d’inspiration, ce n’est pas un symbole ; c’est plutôt un signe. Car il vaut en vertu de la signification singulière que l’on peut lui donner. Pendant une marche d’inspiration, on ne cherche pas des symboles, on est attentif à ce qui nous surprend, on se met en quête de signes, un peu comme si on suivait une trace, pour résoudre une énigme (la décision que l’on doit prendre).

Un signe, toujours selon le dictionnaire Larousse, est « ce qui permet de connaître ou de reconnaître, de deviner ou de prévoir quelque chose ». Par exemple « Il n’y a aucun signe d’amélioration ». Ou « Quand les hirondelles volent bas, c’est signe de pluie ». Dans une marche d’inspiration, le signe sert notamment à reconnaître quelque chose. Pourquoi ? Parce que la réponse, la meilleure décision à prendre, l’action suivante la plus pertinente, est déjà en soi, conséquence naturelle et logique de sa trajectoire de vie jusqu’à ce moment où on se trouve en train de marcher sur un chemin. Ce qui nous interpelle est un miroir de la réponse qui a déjà germé en nous ; nous nous reconnaissons dans ce miroir, et nous nous reconnaissons en elle. Si on ne l’a pas en nous, si cela ne fait pas partie de notre champ du possible (souhaitable ou pas), elle ne se reflète pas, ne nous surprend pas, le signe n’a rien à nous dire.

Un signe peut être aussi un geste ou une mimique permettant de faire connaître une pensée ou de manifester un désir, un ordre. Par exemple : faire un signe de la tête. J’aime beaucoup cette deuxième acception du mot « signe », car elle renvoie à une chose qui n’est pas forcément inerte, statique, figée ; très souvent, pendant une marche d’inspiration, nous sommes interpellés par un événement, une scène, ou une configuration d’éléments entremêlés : par une dynamique, un mouvement. Un jour j’étais assise sur un pont qui enjambe un torrent le long d’un sentier, autour de chez moi. J’ai observé d’abord l’eau qui ruisselait abondamment en chevauchant les rochers ; elle arrivait très rapidement, puis se transformait en écume, descendait un peu plus tranquillement, on aurait dit qu’elle se calmait, mais non, à nouveau une petite cascade et elle se mettait à sauter presque violemment. Je me suis demandé : mes sautes d’humeur ne vont-elles jamais s’arrêter ? Est-ce que c’est ça, la vie intérieure ? Est-ce normal de ressentir de l’indifférence pour tout ce que nous avons construit et qui nous sert de base, d’appui, de soutien ? Puis mon regard s’est porté sur les branches des arbres qui surplombent le torrent. Elles semblaient observer cette scène avec une forme de bienveillance, tout en protégeant l’eau de débordements excessifs. J’ai alors pu vraiment voir les rochers sous l’eau : suffisamment patients pour supporter la véhémence de l’eau, et malgré ses sauts et ses explosions ils restent à leur place, tout juste un peu érodés. Je me suis dit : va falloir devenir les rochers ou les branches, ou un peu l’un et l’autre, en tout cas il y a bien des solutions de repli, quelque part où se mettre quand je me transforme en eau ruisselante. Je peux me mettre en posture de soutien, d’encouragement, de présence inconditionnelle à moi-même comme les rochers sous l’eau ; ou bien de bienveillance et de protection comme les branches surplombantes. J’aime particulièrement les signes dynamiques pendant une marche d’inspiration parce qu’ils suggèrent une décision constructive, transformatrice, résolutive.

Ce rôle du signe pendant la marche d’inspiration nous amène à la troisième acception du sens du mot : « marque distinctive faite sur quelque chose ». Par exemple : « marquer d’un signe les arbres à abattre ». Le signe peut alors indiquer une action à accomplir. Cela n’a pas de valeur magique, ce n’est pas de l’ordre de l’irrationnel ; le signe ne nous parle pas parce qu’une quelconque puissance l’a mis sur notre chemin ; le signe nous parle parce qu’à ce moment-là de notre trajectoire de vie il prend une signification particulièrement pertinente pour nous. Il nous permet d’extraire de nous-mêmes un savoir, mais aussi de nous faire passer à l’action. Un peu comme le signe de ponctuation (quatrième acception du mot « signe ») permet de clore une phrase et d’en ouvrir une autre, ou d’enchaîner sur une autre partie de la phrase.

Parfois, j’en conviens, cela peut ressembler à un phénomène extraordinaire, comme un miracle, ou relever du domaine surnaturel, ou religieux (cinquième acception du mot: « C’est un signe ! »). Encore une fois, ce qui nous interpelle pendant la marche n’interpelle que nous, c’est nous en quelque sorte qui avons mis ce signe sur notre chemin, pas une puissance surnaturelle. C’est notre besoin qui nous permet de voir le signe. Une de mes stagiaires avait été interpellée par un ensemble d’arbres reliés par une grosse branche horizontale, à tel point que cela l’avait mise sur la piste d’une stratégie collective pour son entreprise, et plus individuelle comme elle l’avait pensé au départ. Elle a tenu à communiquer au reste du groupe son étonnement face à ce « prodige » tellement parlant. Personne d’autre ne l’avait remarqué, pas même moi qui, à cette époque, avais parcouru au moins dix fois le même chemin.

C’est en ce sens que la source étonnante d’inspiration pendant la marche est un symbole vécu, incarné et transformateur.

On peut d’ailleurs parler d’indice, puisque toute marche d’inspiration est une quête de réponse à une énigme (sa question de départ, qui concerne la décision à prendre). Toujours selon le dictionnaire Larousse, l’indice est un « objet, fait, signe qui met sur la trace de quelque chose ».

La marche d’inspiration est une chasse qui, d’indice en indice, vous met sur la voie du trésor qu’est votre meilleure décision. J’insiste : l’interprétation de l’indice est propre à chaque personne et est forcément juste, parce qu’elle poursuit la trajectoire de sa vie, concerne exactement le point où elle en est, et amène un peu plus loin dans le processus de décision.

La marche d’inspiration n’a rien d’irrationnel ou de spirituel, elle puise dans la connaissance profonde, et souvent implicite, que nous avons de nous-mêmes. Elle nous permet de l’expliciter, de la faire émerger, de l’amener à notre conscience, et nous offre des pistes originales et pertinentes pour poursuivre notre trajectoire de vie tout en nous respectant. La transformation de l’inattendu en ressource enrichit la définition de la marche d’inspiration : une technique autobiographique de développement personnel fondée sur l’itinérance et l’inattendu.

Inattendu, imprévu, incertitude… : amis ou ennemis ?

Que vous aimiez planifier ou pas, c’est très probable que vous ayez en tête une idée, même globale, de comment les choses « devraient » se dérouler dans votre vie pour que cela vous apporte satisfaction. C’est humain de désirer pour soi-même une vie heureuse, de chercher à souffrir le moins possible et à s’épanouir. La vie, en revanche, fait peu de cas de nos désirs, et se déroule parfois en dehors du cadre que nous nous étions fixé à l’avance. L’inattendu, c’est ce qui nous rappelle cette vérité, et c’est à nous de l’accueillir comme une ressource ou de le rejeter par le déni, la colère, le désespoir… Changer de programme, c’est somme toute assez facile ; transformer en ressource un imprévu qui nous met avant tout en colère, ça l’est beaucoup moins.

Pensez à toutes les fois dans votre vie où un imprévu s’est révélé finalement une ressource : ça vous a évité de commettre une erreur ; c’était utile pour un autre sujet ; ça a ouvert sur une meilleure opportunité ; ça vous a permis d’apprendre quelque chose ; ça vous a fait grandir…

Au fur et à mesure que vous vous souvenez de ces occasions dans lesquelles l’imprévu a dévoilé un autre chemin possible, et comprenez que ce changement a été d’une manière ou d’une autre bénéfique pour vous, votre perception de l’inattendu et de l’incertitude change. C’est important que vous en preniez conscience pour bien appréhender cette caractéristique centrale de la marche d’inspiration et vous y préparer.

La vie a souvent de meilleures idées que nous. L’inattendu, l’imprévu, l’incertitude ne sont presque jamais des ennemis tant que vous restez en vie !

 

 

Cet article est extrait du livre Marcher pour décider de Chiara Kirschner paru chez Vuibert.

 

 

A propos de l’auteur

Mentor et consultante spécialiste de la créativité, Chiara Kirschner accompagne les transitions de vie et a développé la méthode Art de l’Itinérance©, dont la technique centrale est la marche d’inspiration.

 

 

 

 

Vuibert

Article publié en partenariat avec Vuibert.

 

 

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