[Bonnes feuilles] Les secrets d’une association durable et efficace !

Comment bien choisir son ou ses associés ? Y a-t-il des critères pour que cela marche ? Que faut-il éviter ? Chaque association est unique, et il paraîtrait bien prétentieux de vouloir fixer des règles. Dans cet article, découvrez quelques points incontournables, permettant à une association de démarrer sur un socle solide. La vie d’entrepreneurs est une vie intense, stressante et passionnante. Les fondations sur lesquelles va reposer l’association doivent être profondes.

 

 

Les bons amis font-ils de bons associés ?

L’amitié, bien qu’elle puisse être un atout précieux, ne garantit pas toujours la compatibilité professionnelle. Que l’on soit ami ou que l’on se soit connu la veille, il sera nécessaire de creuser et d’aller assez loin dans la connaissance de l’autre. Est-ce que je connais vraiment bien mon futur associé ? Que sais-je de ses envies et de ses motivations ? Pourquoi souhaite-t-il créer une entreprise ? Quels sont ses rêves, ses ambitions ? Ses points forts, ses points faibles ? Ai-je pris le temps de comprendre son parcours ?

Le passé et les fondamentaux d’une personne permettent, sinon de prédire, a minima de mieux comprendre ses attentes et certains de ses comportements futurs. Quelles sont les possibles fragilités psychologiques de mon associé ? Quelles sont ses zones d’ombre ? Ai-je une bonne connaissance de ses savoir-faire ? L’ai-je vu en action ? Quelles preuves viennent soutenir ce que j’imagine être cette personne ? Et le plaisir dans tout cela ? Quel plaisir mes associés recherchent-ils en travaillant ou en s’associant ? Et moi, aurais-je du plaisir à travailler avec eux ? Il ne faut pas hésiter à tout se dire, sans fausse pudeur, ni timidité, et à passer beaucoup de temps ensemble dans différents contextes (pratiquer un sport, faire la fête, voyager, etc.).

Non seulement il n’est pas nécessaire d’être amis pour devenir associés, mais si on l’est, il faut être tout à fait conscient du risque réel qu’il y a à surcharger par des affects une relation qui, à un moment ou à un autre, deviendra certainement compliquée. Il faut donc être capable d’évoquer frontalement le risque d’amitié et de se projeter par anticipation dans des situations conflictuelles pour explorer les réactions de chacun.

 

Les associés partagent-ils un « commun » ?

Entrer dans une association est une étape cruciale, un moment charnière que nous pouvons appeler le momentum de l’association. Ce moment est lourd de sens, car il définit souvent l’ADN de l’entreprise naissante. Au-delà de la connaissance individuelle de chacun, il faut s’interroger sur l’état d’esprit du groupe que forment les associés et sur les convictions communes qui peuvent influencer le succès de l’association. Partageons-nous les mêmes valeurs ? Sommes-nous animés par des passions similaires ? Quels sont nos traits de caractère communs ? Nos différences sont-elles intéressantes pour l’association ? Certains associés partagent des formations ou des parcours similaires (comme c’était notre cas), quand d’autres viennent d’horizons complètement différents. Au-delà de la question de la similitude ou de la complémentarité des parcours, la question essentielle est de savoir si les associés partagent un « commun » qui les relie. Pour nous, c’était clairement la passion de l’entrepreneuriat et des entrepreneurs. Mais d’autres intérêts communs peuvent rassembler les associés autour du projet : la passion de l’argent, de l’innovation technologique, de la transformation écologique, etc. Il nous semble y avoir un vrai risque quand les associés se limitent à l’amitié ou à la complémentarité des compétences et ne partagent pas ce petit truc en plus qui crée un lien indéfectible. Il est d’ailleurs tout à fait possible de partager une conviction ou une aspiration sans être amis

 

Y a-t-il un bon moment pour s’associer ?

Lorsqu’on évoque le moment idéal pour s’associer, il est important de comprendre qu’il n’y a pas de réponse universelle. Chacun peut choisir de créer son entreprise à des moments différents de sa vie. Certains, comme nous, se lancent immédiatement après avoir terminé leurs études, tandis que d’autres préfèrent avoir accumulé des années d’expérience en tant que salariés avant de se lancer dans l’entrepreneuriat. Une personne qui quitte son job dans un grand groupe pour se lancer dans l’entrepreneuriat sera-t-elle un associé potentiellement solide ? L’expérience et la maturité professionnelles sont-elles des atouts plus importants que l’enthousiasme pour réussir en tant qu’entrepreneur ? Est-il plus difficile de se lancer quand on a fondé une famille et qu’on a un prêt immobilier à rembourser que lorsqu’on n’a rien à perdre ? Est-il possible de conserver ce brin de folie entrepreneurial à tout âge de la vie ? Il n’y a évidemment pas de réponse catégorique, mais les risques que l’on prend varient en fonction des étapes de la vie.

On peut appréhender ce risque sous l’angle du « why » de chaque associé, au moment où il décide d’entrer dans l’association : est-il à la recherche d’un rebond par suite d’un échec professionnel ? S’agit-il d’une quête de sens liée à une nouvelle étape de sa vie ? S’agit-il plutôt de la volonté de lier une passion à un projet professionnel (par exemple un passionné de cyclisme lance une innovation dans le vélo) ? Autant de « pourquoi » différents, autant de risques futurs, si ces sujets ne sont pas évoqués honnêtement et en profondeur par les futurs associés.

Au-delà de la question du timing, la différence d’âge entre les associés peut également être un paramètre à prendre en considération. Un écart d’âge peut apporter une diversité précieuse en matière d’expérience, mais aussi créer des disparités, notamment dans l’appréhension des besoins financiers des uns et des autres. Comment gérer ces différences et s’assurer que tous les associés soient sur la même longueur d’onde ? De combien chaque associé a-t-il besoin pour vivre tous les mois ? Une compréhension claire des besoins financiers personnels est essentielle pour éviter les conflits potentiels. Et il y a certainement d’autres besoins à considérer comme celui de liberté ou d’implication dans son travail, qui peuvent varier selon les âges de la vie.

Dans notre cas, nous nous sommes associés à l’âge de 24 ans, sans ressources financières, ni expérience significative, à l’exception de nos stages et de nos petits boulots d’été. Beaucoup ont remis en question notre choix, affirmant que nous manquions des codes de base de l’entreprise et du management. Il est vrai que nous étions complètement inexpérimentés, mais on peut penser, avec le recul, que c’est précisément cette absence de codes préétablis qui nous a insufflé une énergie de dingue au service de notre aventure. En l’absence de ces codes, nous avons développé nos propres règles et nos propres méthodes, ce que font de nombreux startupers en innovant dans leur fonctionnement et dans leur management. Steve Jobs ou Elon Musk, en leur temps, ont-ils respecté les codes traditionnels de l’entreprise ou du management ?

Enfin, il ne faut pas négliger le fait que les besoins et les personnalités évoluent avec le temps. Même quand les associés se connaissent bien au début de l’association et surtout dans le cas où l’on s’associe très jeune, différentes circonstances – le conjoint, l’arrivée d’un enfant, de nouvelles responsabilités, des engagements personnels, de nouvelles rencontres – sont autant de facteurs susceptibles de faire évoluer celui ou celle que l’on croyait connaître par cœur. Cela arrive très souvent dans les couples qui se sont rencontrés au lycée ou à la fac et qui, en prenant de l’âge, divergent dans leur évolution personnelle jusqu’à la séparation. Garder en tête un tel phénomène permet d’éviter de tomber de sa chaise, lorsqu’un associé décide, au bout de dix ou quinze ans, de quitter une association qui semblait pourtant très bien fonctionner.

 

Nos solutions

Apprendre à se connaître en profondeur

Des associés ne peuvent se limiter à une connaissance superficielle de soi et de l’autre. C’est malheureusement très souvent le cas. La personnalité et la psychologie de chacun sont des éléments clés de l’association. Or, quand on est jeune (mais pas seulement), on se connaît souvent très mal soi-même. Comment alors prétendre connaître les autres ? Même si les enseignements se sont un peu améliorés sur ce plan depuis les années 1990, la connaissance de soi et des mécanismes relationnels restent souvent les parents pauvres des enseignements en ingénierie ou gestion. C’est pourquoi la plupart des livres d’aide à la création d’entreprise débutent par des quiz de personnalité, qui restent cependant très insuffisants.

Cette connaissance s’acquiert essentiellement par le fait de travailler ensemble. Beaucoup de réglages se font spontanément, mais d’autres nécessitent un vrai travail de réflexion : pourquoi mon associé réagit-il de cette façon ? À quoi mon associé est-il sensible ? Certains profils très différents peuvent initialement avoir du mal à collaborer, mais leurs différences peuvent s’avérer très riches si elles sont comprises et maîtrisées. Le coaching individuel et collectif peut être un support très intéressant pour travailler, par exemple, sur les profils MBTI® ou sur les résultats d’autres types de tests. La bonne connaissance de soi comme de ses associés est un moyen pour mieux communiquer, en particulier en situation de stress. Le souci de transparence, qui doit primer dans une association, sous-entend que les associés doivent fréquemment se parler franchement et se dire des choses pas toujours faciles à entendre : un désaccord, une erreur, un mauvais process, un simple irritant… Comment dois-je aborder un sujet délicat pour que mon associé ne se sente pas mis dos au mur ou humilié ? Il faudra utiliser toutes les ficelles des profils MBTI pour faire passer ses idées sans aller au conflit.

Des moments de convivialité hors travail sont aussi importants pour découvrir ses associés. On peut se comporter différemment dans l’univers du travail et dans sa vie personnelle. L’association entraîne inévitablement un mélange des deux univers. Voir son associé en off permet de découvrir certaines facettes de sa personnalité qui peuvent se révéler importantes dans la durée (par exemple détester perdre, être mauvais joueur, ne jamais payer les additions, s’ennuyer rapidement, être obsessionnel, etc.).

 

Cultiver ce qui réunit les associés

Les circonstances dans lesquelles on s’associe peuvent être assez diverses, donnant à chaque association sa coloration particulière. On peut s’associer :

  • par amitié : c’est le cas d’étudiants qui sympathisent au cours de leurs études supérieures et qui décident de se lancer ;
  • sur la base d’une passion commune : c’est le cas de jeunes qui seraient passionnés par la glisse et décideraient de créer une marque de vêtement technique ;
  • dans le cadre d’une structure familiale : c’est souvent le cas lors des passages de témoin entre générations. On peut se retrouver associé à un frère, une sœur, un cousin, un parent… Dans ce cas, l’association n’est pas toujours choisie ;
  • sur la base d’une conviction : le besoin de se mobiliser pour la planète peut être un sujet fédérateur qui rassemble ;
  • par complémentarité de compétences : une personne a une idée mais comprend vite qu’elle n’y arrivera pas seule ;
  • pour des raisons financières : certains ont les idées, d’autres l’argent ;
  • par passion de l’entrepreneuriat : la France a su cultiver ces dernières années un esprit entrepreneurial que l’on retrouve notamment dans tous les incubateurs du pays ;
  • par envie d’entreprendre en couple : l’envie de mener une aventure à deux.

 

Dans tous les cas, il faudra cultiver la raison d’être de l’association et réussir à en faire une force : ce qui nous relie, ce qui nous transcende. Il ne s’agit plus ici de la personnalité de chaque associé, mais de ce qui fonde le collectif du projet, ce qui va faire en sorte que chacun voudra se battre pour l’objectif commun. L’intérêt collectif doit l’emporter sur les intérêts individuels.

Une bonne manière de créer ce sentiment collectif est de remporter des batailles ensemble. Face à un client, face à un fournisseur, face à un banquier, il s’agit de faire front commun et de montrer que rien n’est plus percutant que des associés qui agissent et se complètent au service d’un même objectif. C’est un point déterminant, car cela va marquer les interlocuteurs et, par la suite, inspirer les équipes en interne. Au-delà de l’efficacité, c’est aussi un vrai bonheur partagé que de mener ensemble ces batailles qui permettront de remporter de grandes victoires.

Se taper dans la main est donc un bon début, mais ce n’est que cela : un début. Il faut aussi réfléchir à ce qui fera la force de l’association et le cultiver sans cesse. L’association permet de rompre avec la fameuse solitude du dirigeant, en permettant à chacun de se faire la courte échelle jusqu’à devenir meilleur. Au milieu de tout cela, ne perdons pas le fil : l’association, c’est aussi et surtout un moyen de prendre du plaisir, car rien ne remplace la joie qui se partage au sein d’un collectif.

 

 

Cet article est extrait du livre : L’art de l’associer d’Arnaud Courdesses, Arnaud Thiollier et Laurent Windenberger, publié chez Vuibert.

 

 

A propos des auteurs

Arnaud Courdesses a été président du Réseau Entreprendre Auvergne, de la Fondation Groupe ESC Clermont et du Comex 40 MEDEF Puy de Dôme. Certifié Administrateur de sociétés IFA Sciences Po, il est membre de l’APM et vice-président régional de l’association 60.000 Rebonds Auvergne Rhône-Alpes qui accompagne des entrepreneurs ayant liquidé leur entreprise dans leur reconstruction personnelle et professionnelle. Ses domaines d’expertise : finance / RH / Opérations.

 

 

Arnaud Thiollier est président Auvergne des Conseillers du Commerce Extérieur ainsi que du Fonds d’Investissement Clermont-Saint-Etienne Métropole Innovation géré par les équipes de UI Investissement. Membre de APIA (Association Professionnelle des Administrateurs Indépendants) qu’il a présidé en Auvergne, il exerce plusieurs mandats d’Administrateur Indépendant. Il a créé en 2023 avec son épouse le Fonds de dotation Artems qui vise à promouvoir des Artistes, tout en créant des parcours de réinsertion pour des jeunes en difficulté. Ses domaines d’expertise : développement commercial et international.

 

 

Laurent Windenberger a été fondateur de l’association humanitaire de l’ESC Clermont (Sup de Cœur). Il a ensuite été président des Alumnis de cette même ESC. Ses expériences professionnelles à New York et Hong Kong l’ont amené à rejoindre le réseau French Founders. Il est membre actif du Collège du Dirigeant à Paris. Il a créé La Fabrique à Fabuleux Souvenirs en commençant par le chalet WHA à La Clusaz, un lieu d’accueil tout simplement… différent ! Ses domaines d’expertise : innovation et marketing international.

 

 

 

Article publié en partenariat avec Vuibert.

 

 

 

Pour aller plus loin

Participez au Salon SME, l’événement pour les indépendants, créateurs et dirigeants de TPE, les 13 et 14 octobre 2025 :

  • Venez ouvrir votre avenir d’entrepreneur
  • Venez accélérer votre projet et votre développement
  • Venez rencontrer des experts de l’entrepreneuriat

 

 


Commentaires

Laisser un commentaire

SME

A propos du blog

Partages d’expertise, nouvelles tendances, contenus pratiques … Le blog du Salon SME a pour vocation d’informer les créateurs, indépendants et dirigeants de petites entreprises parmi lesquelles se trouvent les PME et les ETI de demain. « Seulement ceux qui prendront le risque d’aller trop loin découvriront jusqu’où on peut aller. » – T.S. Elliot.

Contribuer au blog

Vous souhaitez écrire un article et contribuer au blog ?
Téléchargez la charte éditoriale du blog pour savoir ce que nous attendons d’un article et à qui et quel contenu transmettre.

Je m’abonne à la newsletter mensuelle

A propos du salon

Que vous soyez dirigeant d’une TPE, créateur d’entreprise, candidat à la franchise, freelance, slasheur ou consultant indépendant… Le Salon SME est l’événement incontournable pour faire aboutir vos projets d’entrepreneur, dynamiser votre activité et développer votre réseau.

Vous êtes professionnel du conseil et de l’accompagnement des entrepreneurs, au salon découvrez toutes les solutions et les dispositifs les plus récents à leur conseiller.

On vous donne rendez-vous pour la 24ème édition du Salon SME au Palais des Congrès à Paris, les 13 et 14 octobre 2025. Inscrivez-vous dès maintenant.

Rejoignez la communauté du Salon SME