[Bonnes feuilles] « L’idée du siècle, pas obligé » par Hapsatou Sy
Certains pensent que, pour devenir entrepreneur, il faut l’idée du siècle ! Celle qui révolutionnera le monde, rendra millionnaire et permettra de prendre sa retraite à 40 ans. Un entrepreneur ne prend jamais sa retraite à 40 ans, il la prend quand il meurt. Des idées comme celles de Steve Jobs (Apple), de Travis Kalanick (Uber) ou de Mark Zuckerberg (Facebook) ! D’autres cherchent juste la bonne idée qui les fera vivre de leurs passions.
Extrait de « Partie de rien » par Hapsatou Sy, aux Éditions Dunod.
Ne cherchez pas à tout prix l’idée qui n’existe pas, l’idée miraculeuse que personne n’a jamais trouvée. Trouvez-en une qui permettra de changer un tout petit peu le monde (c’est déjà bien !) ou qui transformera le quotidien (c’est encore mieux !).
Une idée peut se trouver dans ce qui existe déjà, en le modifiant, en l’améliorant, en le mettant à votre goût, en y apportant votre ADN. Comme un vêtement qui devient le vôtre parce que vous le portez à votre façon. C’est peut-être ça la bonne idée, celle qui se cache quelque part, près de vous, dans votre quotidien. Alors, ouvrez les yeux, au travail, en famille, dans la me, dans le métro… La source d’idées est inépuisable ! Créer, innover, cela suppose d’observer.
Durant mes voyages, je passe mon temps dans les concept stores, les lieux atypiques. Je reviens toujours avec un sac plein d’idées. C’est comme ça que je fais évoluer ma marque, en puisant ma richesse à l’extérieur de mon environnement. Je flâne dans une tonne de magasins, qui n’ont rien à voir avec mon métier, ma passion et j’y découvre des choses improbables, parfois anodines mais sources d’inspiration. Par exemple, c’est en allant chez le fromager que j ai trouvé comment emballer mes futurs savons pour le corps. C’est en me perdant dans un marché de tissus que j’ai imaginé mes packagings. C’est en observant une vieille femme japonaise dans des toilettes publiques à Tokyo que j’ai réfléchi à mon protocole de soin du visage. C’est en mémorisant les gestes de beauté de ma mère que j’ai trouvé le nom de l’un de mes best-sellers.
Des idées, il y en a partout. Il y en a aussi plein notre histoire, notre parcours, notre environnement. Le contexte dans lequel nous évoluons est une source inépuisable d’idées. En vous replongeant dans votre histoire, en repensant à vos besoins, vous trouverez des éléments qui vont venir enrichir votre idée, vous aider à la développer. Personnellement, si j’ai décidé de créer des salons de beauté pour toutes les femmes, c’est grâce à ma double culture africaine et occidentale, grâce aux rituels de beauté interminables de ma mère et de ma grande sœur, que j’observais avec minutie. Je voulais répondre à un besoin personnel, celui de trouver des salons pour tous, je les ai donc créés.
Alors à la question « pour entreprendre, faut-il avoir l’idée du siècle ? », ma réponse est non. Point de vue partagé d’ailleurs par Jacques-Henri Eyraud, professeur en entrepreneuriat à Sciences Po, et Francis Lelong, entrepreneur, directeur général de Digital Natives Edition, et fondateur de Sarenza. Pour Francis, il y a deux manières de se lancer. La premièr, c’est de faire la même chose que les autres, mais en mieux car, dit-il, « un boulanger qui veut ouvrir un magasin n’a pas forcément besoin d’inventer un pain spécial pour y arriver… Mais s’il fait un pain moins bon que son concurrent, il aura du mal à attirer du monde ». La deuxième, c’est d’apporter (voire d’importer) une idée sur un marché : « On croit qu’Eddy Mitchell et Johnny Hallyday ont écrit beaucoup de chansons, mais ils ont juste traduit en français des tubes américains ! Us ont connu un énorme succès avec les chansons des autres ! » J’ai choisi cette deuxième voie. Pour Ethnicia, je me suis inspirée de ce que j’avais vu ailleurs, aux États-Unis, en Afrique. J’ai regroupé plusieurs activités beauté dans un même lieu que j’ai adapté à notre environnement : un environnement multiculturel avec des femmes plurielles.
L’une des difficultés est d’avoir trop d’idées, ce qui a souvent été mon cas. C’est compliqué de s’en sortir et de se concentrer quand ça fourmille dans la tête. Francis Lelong affirme que le premier filtre, quand on veut créer sa boîte, c’est de se demander dans quel secteur d’activité on a envie de travailler. Le second, c’est de regarder ce qui est faisable. Une fois ces deux choses en tête, on part en quête de sa bonne idée.
Alors, à vos idées et surtout amusez-vous ! Il n’y a rien de plus pénible que de développer une entreprise dans un secteur qui ne nous intéresse pas, juste pour l’appât du gain. Il faut s’éclater et vivre ! La bonne idée, c’est celle qui nous fait vibrer chaque matin au réveil, et qui, le soir, nous donne envie de nous endormir tout de suite pour nous réveiller plus vite.
Pour aller plus loin, rendez-vous au Salon SME
Pour trouver LA bonne idée ou pour booster votre projet de création d’entreprise, visitez le Salon SME, les 25 et 26 septembre 2017 au Palais des Congrès de Paris.
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Retrouvez également Hapsatou Sy en conférence « Histoires d’entrepreneurs : le jour où… tout a basculé. »
Et en attendant le salon, (re)découvrez les podcasts audio des conférences 2016 pour les créateurs d’entreprise.
A propos de l’auteur
Hapsatou Sy crée sa première entreprise en 2005. Ethnicia est un concept d’espaces de beauté qu’elle déploie jusqu’en 2013. Elle se consacre aujourd’hui au développement de ses marques de cosmétiques en France et à l’international (HapsatouSy et Dazzia). Elle est également animatrice TV.
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