[Bonnes feuilles] Reconversion – Les pièges à éviter

reconversion

Entreprendre, c’est faire du saut d’obstacles. Alors autant sauter à pieds joints dans les pièges à éviter et vous tendre la perche dès à présent pour aller plus haut, plus vite, sans vous prendre les pieds dans la barre.

 

On ne crée pas une entreprise en attendant de trouver autre chose, parce que « ça ne va pas » au travail ou que les relations sont tendues avec sa hiérarchie. Sinon il n’y aura pas assez de carburant pour faire face aux multiples obstacles qui ne manqueront pas de se dresser sur le chemin.

Le désir de changement doit être soutenu par une vision à long terme, des motivations assumées (et non par défaut) et un engagement total. Même une entreprise qui fonctionne bien et qui a de bons résultats connaît régulièrement des imprévus. Inutile donc d’ajouter des freins sur le parcours. En guise de prévention, voici les écueils les plus fréquents :

 

SE LANCER POUR DE MAUVAISES RAISONS

Les derniers mois de votre dernière expérience professionnelle peuvent avoir été très difficiles. Perte de sens, ennui profond, difficultés relationnelles avec votre hiérarchie, santé de l’entreprise qui vacille… Les conditions sont réunies pour une fin de cycle. Et votre état émotionnel et psychologique en prend un coup. Une rupture conventionnelle plus tard, vous décidez de « créer votre boîte » (merci le statut de la micro-entreprise) sans aucune préparation.

Voici ce qui vous guette si vous n’opérez pas une prise de conscience sur votre posture : vivoter pendant un an, trouver quelques clients pour vous faire la main en complément des allocations chômage en attendant « que ça prenne ». C’est votre cas ? Vous risquez d’alimenter les statistiques des entreprises qui ne passent pas les trois années d’existence car vous vous êtes lancé pour les mauvaises raisons  pour remplacer votre emploi à la hâte, « pour voir », par opportunisme, parce que vous n’avez aucune idée de quoi faire d’autre.

Voici d’autres mauvaises raisons de créer son entreprise :

  • travailler moins : ça arrive, mais ce n’est pas la majorité des cas ;
  • gagner beaucoup d’argent : c’est possible, mais pas forcément au début, surtout si votre salaire précédent était élevé ;
  • ne plus avoir de comptes à rendre : vous en aurez autant, voire plus, et vous aurez les patrons les plus exigeants en face : vos clients.
  • Si vous avez un doute, nous vous conseillons de relire le chapitre 0 consacré au déclic et de faire l’exercice de vos motivations.

 

PARTIR SUR UNE MAUVAISE IDÉE

La mauvaise idée, c’est celle qui ne répond pas au problème de vos clients. Chaque produit ou chaque service est construit autour d’une difficulté, d’un manque ou d’un besoin qu’éprouve votre client cible.

Si ce problème n’est pas suffisamment clair, évident, réel ou urgent à résoudre, nous vous conseillons de revoir votre copie. À quoi vous le verrez ? Au haussement de sourcils de votre interlocuteur et à son air dubitatif. Rien de grave, cette étape demande plusieurs itérations. Vous avez simplement besoin de vous immerger un peu plus dans le monde de vos clients. Rencontrez-les, organisez des groupes de test, écoutez leur feedback et tirez-en les conclusions qui s’imposent pour adapter votre offre.

Formaliser votre idée par écrit, sur un mindmap ou une slide, peut vous aider à synthétiser votre pensée et la rendre plus explicite auprès de vos interlocuteurs. Si ce n’est pas clair pour vous, relisez le chapitre 1 sur l’idée.

 

ÊTRE MAL ORGANISÉ

Connaissez-vous le point commun entre Barack Obama, Beyoncé et vous ? 24 heures.

Bien sûr, ils ont des équipes pour soutenir leur intendance et leur logistique. Mais ils n’en avaient pas au démarrage ; ils ont su faire fructifier le temps dont ils disposaient. Il ne s’agit pas de vous précipiter, ni de perdre du temps en quête de perfection. Apprenez plutôt à devenir un équilibriste de l’horloge pour viser l’optimum et non le maximum.

Entreprendre est une course de fond. De l’idée à la mise en place, plusieurs étapes sont nécessaires et chacune demande du temps, de l’adaptation et de l’organisation. Dans le cas de la reconversion, vous devez en plus vous familiariser avec un nouveau métier et/ou un nouveau statut. Ne pas vous précipiter vous permet d’avancer en sérénité.

Attention si vous êtes encore en poste. Votre frein principal risque d’être le facteur temps. Temps dont vous aurez besoin pour mûrir votre idée, trouver l’inspiration, perfectionner votre projet, tout en conservant du temps pour vous et votre famille. Mener les deux de front risque d’être compliqué. Vous aurez intérêt à passer à temps partiel, à demander un congé de création d’entreprise ou un aménagement spécial de votre emploi du temps.

 

MANQUER D’ARGENT

Avoir un minimum de capital permet de démarrer plus rapidement et avec sérénité. Pour les activités de prestation de service, ce budget permettra d’être accompagné au démarrage. Publicité, site internet et/ou business coaching sont des raccourcis temporels. Vous pourrez compter entre trois et six mois pour décrocher vos premiers clients.

Pour des activités nécessitant une présence physique et matérielle, des commerces ou des entreprises technologiques, le budget doit être plus conséquent car il doit tenir compte de toutes les dépenses à avancer avant les premières ventes.

Dans tous les cas, n’investissez pas tout au démarrage – vous aurez de toute façon besoin d’investir tant que votre société existera. Une étape cruciale est celle de l’adéquation cible/produit. Une fois cette étape validée avec succès, vous pourrez investir à nouveau, notamment en termes de marketing, pour induire un effet levier sur les ventes.

 

NE PAS SAVOIR S’ENTOURER

Comment a réagi votre entourage à l’annonce de votre reconversion ? Il est possible que tous n’aient pas été aussi soutenants que vous l’aviez espéré. Attendez de voir ce qu’ils diront à propos de votre envie d’indépendance !

À moins d’être entrepreneur, il est difficile de comprendre l’adrénaline que cela procure. L’accent est plutôt mis sur l’incertitude du statut, les charges à payer avant même d’avoir fait ses premiers bénéfices, les impôts…

Manquer de soutien familial est un réel facteur d’échec. Conjoint, famille et amis vont ainsi être vos premiers prescripteurs. À vous de leur expliquer vos motivations et de leur présenter votre idée. Il est possible qu’ils émettent des objections ou se fassent du souci. Vous aurez besoin de les rassurer et de savoir les impliquer à vos côtés. À la maison, vos habitudes familiales risquent d’être modifiées. Prenez le temps d’en parler avec votre partenaire pour définir la logistique (enfants, sorties), les priorités (financières, loisirs, carrière) et les délais dont vous avez besoin pour mettre en place votre projet.

Il vous faudra aussi constituer un nouveau réseau. En débutant dans le monde de l’entrepreneuriat, il est indispensable de vous rapprocher de personnes qui vivent la même chose que vous. Des personnes ressources à qui vous pourrez vous confier, avec qui vous pourrez partager vos avancées mais aussi vos challenges, et qui sauront vous écouter et vous comprendre. Si vous êtes à court d’idées, pensez aux réseaux sociaux qui regorgent de groupes de porteurs de projet, tout comme les clubs d’entrepreneurs ou les coworking.

Dans la vie salariée, il y a toujours quelqu’un dans l’équipe pour trouver la bonne réponse, répondre à un problème technique ou parer aux fonctions supports. En tant que porteur de projet, vous serez multi-casquettes et souvent seul.

Point de vigilance coef. 10 ! La solitude est un piège très courant pour l’entrepreneur débutant. Savoir vous entourer des bonnes personnes et des experts qui auront les réponses qui sont hors de votre champ d’expertise est une compétence-clé.

Pour ceux qui voudraient s’associer, prenez le temps de réfléchir au profil de votre partenaire idéal. Il doit à la fois vous ressembler en termes de valeurs, de vision et d’appétence à l’entrepreneuriat, mais être suffisamment différent pour être complémentaire en termes de compétences.

 

MANQUER DE CONFIANCE

Vous aurez beau avoir les meilleures stratégies, la meilleure équipe et les meilleurs experts réunis autour de vous, si vous manquez de confiance en vous, votre projet en pâtira. Un bon niveau d’estime personnelle et de relation à soi et aux autres est fondamental dans le succès. Pourtant, peu d’accompagnements aux porteurs de projet intègrent ce facteur. Les bénéfices d’une confiance équilibrée sont multiples : la capacité à agir facilement, à rebondir si besoin et à entretenir des relations saines et efficaces avec vos interlocuteurs (clients potentiels, fournisseurs, banquiers, partenaires).

Un bon niveau de confiance permet aussi de ne pas se décourager au moindre obstacle. Elle vous prémunira aussi de la crainte redoutée de l’échec. L’ascenseur émotionnel faisant partie du package, apprenez à surfer avec le courant.

 

MANQUER DE SOUPLESSE

Le perfectionnisme est lié à un haut degré d’exigence, celui qui pousse au contrôle extrême et ralentit l’action. C’est ainsi qu’on peut se retrouver à passer des heures voire des jours sur une tâche non productive directement.

Vous étiez du genre à passer des heures à finaliser le PowerPoint pour la réunion hebdo ? Attention, la perfectionnite aiguë vous guette. Vouloir tout contrôler indique une recherche de sécurité. Mais on ne peut pas tout contrôler dans la vie. Encore moins en entrepreneuriat. Il y a de nombreux facteurs sur lesquels on ne peut pas agir, il est donc important d’apprendre à lâcher prise, sous peine d’une dépense énergétique intense pour compenser le stress induit.

Soyez également flexible sur votre projet. Oui, c’est un peu votre bébé, mais sachez qu’il va évoluer. Apprenez à écouter et observer les utilisateurs qui vont vous donner de précieuses indications afin de leur offrir un service ou un produit conforme à leurs besoins. Il est important de savoir changer de cap quand c’est nécessaire, au risque de foncer droit dans le mur.

 

NE PAS SE MÉNAGER

Les limites entre travail et vie personnelle étaient claires quand vous étiez salarié. Gardez-les étanches tout au long de votre vie de chef d’entreprise, même si vous travaillez de chez vous. De même pour les week-ends, les vacances, le sport et les loisirs. Vous aurez besoin de ces moments de respiration et de plaisir dès le lancement de votre projet, même si vous n’avez pas encore de clients. Le démarrage d’une entreprise est un moment paradoxal où l’angoisse de l’inconnu se mêle à l’excitation. Il est courant d’observer des insomnies créatives : un réveil au milieu de la nuit avec une idée « géniale » qui pousse à se lever et à rallumer l’ordinateur ou à noter des pages entières sur des carnets. Veillez toutefois à préserver votre sommeil et votre vitalité, vous en aurez besoin pour tenir la distance.

Pensez enfin à garder des jours off chaque semaine, et des vacances régulièrement. Ce n’est pas parce que vous êtes en lancement et que vous n’avez pas encore de clients que vous n’avez pas besoin de repos. Votre corps et votre esprit vous remercieront.

 

Le syndrome de l’imposteur

« J’ai réussi grâce à la chance », « Michel est plus doué », « C’est pas assez bien », « Je ne suis pas légitime », « Je ne suis pas à la hauteur », « Ils vont finir par se rendre compte que je ne suis pas la bonne personne pour… »… Si vous vous êtes déjà entendu dire ou penser ces phrases, vous souffrez peut-être du célèbre « syndrome de l’imposteur », aussi appelé « syndrome de l’autodidacte ».

Si vous vous lancez dans l’aventure entrepreneuriale et que le secteur que vous choisissez n’est pas en rapport avec votre domaine de compétences premier, il se peut que vous en ressentiez les symptômes, surtout si vous souffrez déjà d’un autre mal : le manque de confiance en vous.

Douter de soi est sain. D’ailleurs, il paraît que 60 à 70 % de la population douterait un jour ou l’autre de sa légitimité dans sa carrière. Douter et se remettre en question permettent de prendre du recul sans prendre le melon. Mais se mettre la pression et vivre avec l’anxiété de ne pas être à la hauteur peut se révéler paralysant, inhibe votre potentiel et développe des comportements comme la procrastination et le repli sur soi.

20 % de la population souffrirait du syndrome de l’imposteur. Alors comment faire pour basculer dans la zone des 80 % ? N’hésitez pas à vous faire accompagner sur cette thématique auprès d’un professionnel – psy ou coach – pour changer de regard sur vous et prendre conscience de vos réalisations professionnelles.

 

 

Cet article est extrait du livre : 180° Reconversion de Marjorie Llombart paru chez Vuibert.

 

 

 

Vuibert

Article publié en partenariat avec Vuibert.

 

 

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