[Bonnes feuilles] Financer et pérenniser son activité de freelance.
Instaurer une relation de confiance avec sa banque, financer son début d’activité, budgéter sa trésorerie, choisir son statut juridique en mesurant les impacts sur la trésorerie et faire évoluer son activité, qu’est ce que cela veut dire précisément pour un freelance ? Réponse avec cet extrait du livre de Obtenez les meilleurs financements pour votre projet.
Instaurer une relation de confiance avec son banquier et ses conseillers
L’ouverture d’un compte bancaire est une étape clé de la création de votre entreprise. Ne le vivez pas comme une obligation administrative. La relation avec votre conseiller bancaire peut être fort utile pour le financement de votre entreprise. D’abord, lors de la création de votre entreprise, votre conseiller peut vous orienter vers des dispositifs d’aides à la création ou d’aides à la constitution de fonds propres. Il faut alors avoir le réflexe de prendre attache avec votre conseiller pour lui expliquer votre projet d’entreprise et votre stratégie de financement afin que la banque puisse vous proposer de potentiels dispositifs de prêts adaptés. Ensuite, à chaque étape de votre entreprise, la banque peut assurer un effet de levier sur les financements que vous obtenez, ou à la suite de bons résultats financiers de votre entreprise. Nous l’avons vu dès le début de la crise de la Covid-19, en mars 2020 : les organismes bancaires ont été largement sollicités pour assurer un soutien de trésorerie immédiat auprès des entreprises, notamment avec le dispositif Prêt garantie par l’État (PGE). Enfin, de nombreux organismes bancaires disposent de structures d’accompagnement pour les entrepreneurs. Nous les avons listés en annexe (page 255 du livre) afin que vous puissiez voir lesquels pourraient vous convenir pour postuler et être accompagné. Régulièrement, prenez donc le temps d’informer votre banque de vos différentes avancées. Aujourd’hui, la plupart des organismes s’autodéclarent « partenaires des entrepreneurs » : souvent, vous pourrez avoir la bonne surprise d’obtenir un soutien financier ou opérationnel.
Mais qu’en est-il pour les freelances ?
Le freelance est devenu une grande figure de l’entrepreneuriat. Depuis la création du statut d’autoentrepreneur en 2008 (depuis renommé « micro-entrepreneur »), les freelances représentent plus d’un million d’actifs en France. Gain en flexibilité dans son activité, choix de ses missions et clients ou encore libre détermination de la valeur de son travail, ce ne sont pas les raisons qui manquent pour passer le cap vers l’indépendance !
Si la liberté du freelancing s’inscrit en opposition à la sécurité du salariat, devenir son propre patron entraîne aussi son lot de contraintes et de responsabilités. Au premier rang de celles-ci, on retrouve bien entendu la question de l’argent : un sujet primordial à considérer, que ce soit pour le financement ou la pérennisation de son activité.
Retour d’expérience de Yéza Lucas, Coach freelance et formatrice pour entrepreneurs depuis 2017 yezalucas.com.
Financer son début d’activité
D’après l’édition 2019 de l’étude Malt, « Le Freelancing en France », 89 % des freelances français ont déjà été salariés d’au moins une entreprise. C’est ainsi le premier levier utilisé pour financer son activité. Constituer une trésorerie à partir de ses fonds propres doit être pensé en amont de son lancement.
L’une des variables à prendre en compte est l’accès à l’allocation chômage et sa durée. Yéza recommande ainsi de définir une période de test de quelques mois répondant à des objectifs réalistes et mesurables :
- un an de chômage = test de l’activité pendant trois mois ;
- deux ans de chômage = test de l’activité pendant six mois.
En l’absence d’une période délimitée dans le temps, les freelances peuvent commettre l’erreur courante de rester en situation de test jusqu’à la fin de leurs droits, ce qui est un grand risque pour la survie de leur activité d’indépendant à long terme.
Budgéter sa trésorerie
Définir le montant de sa trésorerie revient à allouer un budget aux différentes catégories de dépenses inhérentes à son activité. Voici une liste non exhaustive :
- les frais fixes : loyer, factures, alimentation, coworking ou bureaux (si applicables) ;
- les frais de fonctionnement : logiciels, prestataires, stocks (si applicables) ;
- les investissements : formations, coaching, communautés payantes.
Pour Yéza, la méconnaissance de la culture d’investissement est une erreur courante chez de nombreux freelances. Au moment de se lancer à son compte, elle percevait une allocation chômage de 1 100 € par mois, payait un loyer de 845 € par mois et avait 3 000 € de côté. Malgré une trésorerie modeste et des charges conséquentes, Yéza a décidé d’investir 1 200 € dans du coaching et des formations pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Vue sous l’angle d’une dépense personnelle, la note peut sembler élevée, d’où l’importance de la considérer comme un investissement professionnel et, donc, amortissable à court ou long terme. Et pour cause : Yéza a rentabilisé cette somme en seulement trois mois.
Choisir son statut juridique
Pour de nombreux freelances, la micro-entreprise est souvent le statut de prédilection pour lancer leur activité. C’est la solution la plus simple sur le volet comptable, ainsi que la plus rapide d’un point de vue administratif (statut créé gratuitement sous deux semaines). Il ne correspond toutefois pas à toutes les situations, et le choix de son statut juridique dépend de variables personnelles et professionnelles qu’un comptable pourra évaluer avec vous. Des dispositifs comme l’Acre (Aide à la création et à la reprise d’entreprise) et le versement libératoire de l’impôt sur le revenu sont des atouts décisifs pour bénéficier d’une baisse des charges sociales à son lancement et des leviers fiscaux à considérer en début d’activité. Yéza identifie trois critères principaux à prendre en compte dans l’évolution de son activité :
- le montant de ses charges professionnelles : celles-ci ne sont pas amortissables avec une micro-entreprise ;
- la facturation et récupération de la TVA : celle-ci n’est jamais récupérable sur les achats de biens et services en micro-entreprise et ne sera facturée aux clients qu’à partir d’un certain seuil qui dépend de la nature de l’activité ;
- l’imposition : celle-ci est très variable d’un statut à l’autre et peut être composée de l’impôt sur le revenu (IR), l’impôt sur les sociétés (IS) ou les deux.
Pendant sa première année, Yéza a dépassé le seuil à partir duquel sa micro- entreprise était assujettie à la TVA. Cette erreur classique a été pour elle à la fois une perte de temps, avec des factures à corriger et renvoyer, mais aussi d’argent dans le sens où elle n’a pas voulu déranger ses anciens clients en leur facturant la TVA restante et a pris sur elle le surplus concerné.
« Quel que soit le statut juridique, on est souvent livrés à nous-mêmes lorsque l’on recherche une information sur le plan administratif, et quand on se trompe, on se retrouve dans la position du fautif. S’entourer des bonnes personnes pour nous accompagner permet d’éviter certains faux pas et de prendre de bons réflexes qui nous aident à pérenniser notre activité. »
Faire évoluer son activité
Pour Yéza, la pérennisation de son activité de freelance passe invariablement par l’évaluation de sa performance. Au-delà du suivi de l’évolution de son chiffre d’affaires et de son pricing, cela se traduit par la mise en place d’indicateurs financiers à optimiser tels que la marge ou le délai d’amortissement de ses investissements.
Yéza distingue notamment deux finalités dans les investissements :
- l’innovation : les formations, le coaching et les outils destinés à augmenter ses prix sur une offre existante et/ou développer de nouvelles offres (sous forme de produits ou de services) ;
- le développement commercial : accélérer la production d’une offre donnée à plus grande échelle en utilisant des outils d’automatisation ou en déléguant des tâches à des prestataires externes (qui peuvent eux-mêmes être des freelances).
« Il est nécessaire de se poser la question de l’investissement à chaque changement de cap de son activité. C’est valable aussi bien pour définir son offre que quand on cherche à accélérer la croissance de son chiffre d’affaires. »
En synthèse
- Définir une période de test au démarrage est une étape incontournable pour créer une activité pérenne en freelance.
- Développer une culture de l’investissement commence en amont de la création de son entreprise et l’investissement doit être réévalué à chaque changement de cap de son activité.
- Si la micro-entreprise est la forme plébiscitée au démarrage d’une activité, elle n’est toutefois pas adaptée à toutes les activités. Par ailleurs, le choix de l’évolution du statut juridique dépend de variables financières et fiscales qui peuvent être étudiées avec un cabinet d’expertise comptable.
- Les investissements en freelance doivent répondre à deux enjeux principaux : la vente d’une offre à plus grande échelle pour augmenter son chiffre d’affaires et le développement de nouvelles offres pour diversifier ses sources de revenus.
Cet article est extrait du livre : Obtenez les meilleurs financements pour votre projet de Adrien Chaltiel, publié chez Vuibert.
A propos de auteur
Entrepreneur et investisseur, Adrien Chaltiel crée la plateforme Eldorado.co en 2017 pour aider les entrepreneurs français à trouver les solutions de financement les plus adaptées à leur situation. Il est également mentor à HEC, à l’incubateur Blue Factory de l’ESCP et membre du bureau de l’association France Fintech. Enfin, il est l’auteur de « Obtenez les meilleurs financements pour votre projet », publié chez Vuibert.
Article publié en partenariat avec Vuibert.
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