Faire un pas de côte pour innover plus facilement
Tout le monde a envie de faire du « nouveau » ou de repenser un service, un objet, un produit ou un process et d’en faire un succès. Seulement, lorsque l’on a littéralement la tête dans le guidon il est difficile de mettre la distance nécessaire pour insuffler de nouvelles idées. Voici 5 points à avoir en tête quand vous avez l’intention d’innover.
1/ S’inspirer de son semblable ralentit le processus créatif
Dans la conception d’un nouveau produit ou dans la recherche de la conception d’une nouvelle offre innovante, vous aurez souvent pour première habitude de réaliser un benchmark de ce qui est déjà réalisé par la concurrence. Néanmoins cette pratique peut s’avérer être un frein à la créativité ou à toute approche d’innovation. Le « benchmarking » est nocif, car il tue de façon certaine la pensée créative. Dans le cadre d’un benchmark, on établit un cadre référentiel de comparaison à partir duquel on va baser la plupart de nos réflexions. Il s’agit de ce que l’on appelle un ancrage psychologique(1) cadrant la pensée, limitant le champ de réflexion et d’exploration, et diminuant ainsi le potentiel créatif et innovant d’une démarche de création de conception de produits ou services. En psychologie, l’ancrage désigne la difficulté à se départir d’une première impression. Si la première impression donnée par le benchmark est que mes concurrents sont à même de créer des offres, produit ou services performants, il y aura une tendance naturelle à les prendre comme exemples. Il s’agit d’un phénomène cognitif et spontané chez chacun. Aussi, phénomène similaire, plus on devient expert dans un secteur plus on est également prisonnier de ce même phénomène d’ancrage. Indirectement, ceci est une explication au pourquoi les entreprises ont recours à des consultants pour prendre de la distance et avoir un regard extérieur par rapport à leur propre activité. A méditer !
2/ Prenez le temps de regarder « à côté » et les angles morts
L’innovation et l’acte créatif proviennent rarement de l’inspiration de celui ou celle avec qui vous travaillez (n’en déplaise à votre collègue d’Open Space). Un stimuli aura plus d’impact s’il provient d’un « à côté ». L’idée est de pouvoir amener une certaine forme de distance et de recul. Le « à côté » n’a pas de limite précise, il gravite autour de chacun ou de son entité ou même de son industrie. Il est proche mais nécessite d’être exploré et stimulé. Cela vous rappellera potentiellement le concept d’écosystème, buzzword contemporain s’il en est. Si cette notion se veut émergente sur les dix dernières années, elle est également symptomatique de la nécessité de faire et de provoquer du « à côté » dans une démarche d’innovation ou créative. En entreprise, c’est la montée en puissance du collaboratif qui est symptomatique de cette tendance, sortir de son département, accélérer le désilotage (oups pardon un autre buzzword), réfléchir et produire différemment et efficacement à plusieurs.
3/ Une diversité de points de vue pour un potentiel créatif plus fort
Si l’on peut comprendre que le processus créatif ou innovant à l’échelle individuelle nécessite de faire un pas de côté, cela prend d’autant plus son sens lorsque l’on vient s’intéresser à l’échelle d’un groupe de plus de deux personnes. Sur le papier, travailler à plusieurs c’est complexifier la forme du travail et des interactions dans la mesure où on ne peut pas anticiper avec certitude les aptitudes et les comportements des personnes avec lesquelles nous collaborons. Mais c’est également, et surtout, la possibilité d’augmenter le potentiel de créativité et de résolution de problème d’une équipe. Cela est rendu possible à condition d’assurer la complémentarité de ses membres et sa capacité à répondre à des besoins différents en créant un cadre d’expression collective où les qualités de chacun sont à même de s’exprimer.
4/ Quand ça gratte, il y a de la valeur à identifier
L’ « abrasion créative » est le principe même de créer une friction entre différentes idées, faire en sorte qu’il y ait un frottement, un contact prononcé, entre différents univers dans une optique de productivité d’idées, plutôt qu’une confrontation qui se voudrait destructive. Ce concept repose sur le principe de diversité des différents membres de l’équipe : avoir une équipe multidisciplinaire permet de croiser des expertises mais au-delà il s’agit également de pouvoir croiser différents types de personnalité. Il présuppose une gestion fine des ressources humaines à disposition afin d’éviter que les frictions ne se transforment en mésententes ou en incompréhensions collectives qui seraient contreproductives et non-créatives. Steve Jobs avait pour habitude de monter des équipes de développeurs de logiciels ayant des personnalités très différentes en réunissant des développeurs ayant une « intelligence sensible » plus développée, généralement des artistes musiciens, avec également des développeurs ayant une intelligence davantage focalisée sur la théorie. On peut ainsi avoir une équipe construite autour d’une seule expertise mais comprenant des personnalités très différentes.
5/ La facilitation et le problem-solving comme macro-compétences pour maximiser le potentiel créatif
Aujourd’hui, il en va des enjeux de recrutement dans les organisations de miser sur la diversité (profils, métiers, cultures, générations,…) de ceux qui les rejoignent et, de fait, augmentent ce potentiel créatif. En conséquence, il s’agit également de réussir à maintenir une certaine forme d’agilité dans leurs approches de travail. Avec une diversité croissante, le besoin est davantage prégnant de développer la compétence de facilitation au sein de ses équipes pour animer et orchestrer cette diversité. Le principe même de l’abrasion créative s’appuyant sur la diversité des équipes ou des points de vue nécessite que les démarches internes soient facilitées afin qu’elles s’expriment pleinement. Pilotées finement, humainement, les interactions et échanges ont pour conséquences d’améliorer la flexibilité et l’agilité du collectif (et sa qualité de vie collective, cela va sans dire). Cela permet aux équipes de répondre plus rapidement aux problématiques rencontrées tout en prenant conscience de la diversité des éléments qui la configurent. Dans une logique d’amélioration continue recherchée par les organisations, il s’agit dès lors de créer des équipes en capacité de se remettre en question et de proposer des solutions plus créatives aux situations rencontrées.
Si la créativité, la pensée critique ou la capacité à résoudre les problèmes complexes sont considérées comme des compétences majeures du XXIème siècle, c’est bien leur articulation à l’échelle collective qui est l’enjeu de demain pour les organisations. A termes, on peut faire le pari que dans un objectif d’efficience et d’innovation, après l’essor du manager-coach ces dernières années, l’on puisse voir émerger la notion de « manager-facilitateur » : chef d’orchestre d’une diversité de talents à mettre en musique pour innover et créer plus utilement.
(1) KAHNEMAN, Daniel : Thinking, Fast and Slow, éd.Paperback, 2013
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A propos de l’auteur
Gauthier Helloco est membre de Codesign-it, conférencier sur la créativité et l’innovation.
Il est auteur de l’ouvrage chez Dunod de « Encore un p***** de bouquin sur la créativité » livre de vulgarisation du processus créatif
Autres liens :
leputaindebouquin.com
codesign-it.com
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