Devenez un orateur hors pair !
Vous voulez connaître les secrets des plus grands orateurs ? L’éloquence à votre avis, c’est un don ou une technique ? Voici quelques pistes qui pourront vous donner envie d’aller plus loin…
Allocution lors d’un séminaire ou d’un meeting devant 600 personnes, présentation dans une réunion de travail face à 80 salariés, audition d’appel d’offres devant une trentaine d’élus, petit speech dans une fête familiale devant 30 convives, rendez-vous devant une dizaine de collaborateurs, interview avec un journaliste, etc. Nous sommes tous amenés à prendre la parole en public au cours de notre vie professionnelle ou personnelle. Si pour certains d’entre nous l’exercice est aisé, pour le plus grand nombre les premières expériences sont un peu difficiles voir parfois traumatisantes.
Contrairement aux idées reçues, briller en public n’est pas un don. Pour devenir un bon orateur (trice), il faut connaître les règles pour construire ses messages (le fond) mais aussi les astuces pour les mettre en valeur (la forme). Ensuite, le vrai secret, c’est la préparation et la répétition.
Affinez votre argumentaire
Pour le fond, commencez par coucher vos idées sur papier afin de clarifier votre pensée. Il faut définir un message essentiel et des sous-messages, décider d’un angle précis et construire un argumentaire autour de quelques idées fortes. Pour cela, n’hésitez pas à utiliser les 7 W journalistiques qui pourront vous guider (Who, What, Where, When, Why, HoW, HoW many). En français, le C Q Q C O Q P : Combien, Qui, Quoi, Comment, Où, Quand, Pourquoi.
Utilisez des phrases courtes et percutantes. La langue française est riche : 100 000 mots sont répertoriés dans le Trésor de la Langue Française et 60 000 mots dans le dictionnaire Le Petit Robert. Mais à l’oral, il n’est pas nécessaire de manier avec brio tous les mots de la langue de Molière, bien au contraire. D’ailleurs Honoré de Balzac n’a construit son œuvre qu’en utilisant 2 500 mots et Racine avec 1 800 mots. Pour les romans de gare lisibles par tous, les auteurs n’utilisent qu’environ 900 mots. Ce doit très être la référence lorsque vous voulez vous exprimer en public.
Démarrez votre prestation par une Accroche. C’est le détonateur de votre intervention. Elle est primordiale pour impacter tout de suite ! L’Accroche doit être courte, efficace et frappante. Cela peut être une question, une énumération qui donne envie d’en savoir plus, un chiffre marquant, une anecdote, etc.
Pour la conclusion, terminez par une Chute. La Chute doit être précise et percutante, elle doit marquer les esprits. Il peut s’agir d’un résumé de votre intervention en trois mots essentiels, d’une citation si elle est bien choisie, de quelques questions pour faire une ouverture sur le sujet… Dans tous les cas, ne la négligez pas ! On dit que « la première image c’est la bonne », mais la dernière c’est aussi celle qui va rester dans la tête de vos spectateurs.
Sur le fond, retenez les 5 C : Clair, Concis, Concret, Concerné par votre sujet et Convaincant. Adaptez toujours le contenu à votre auditoire (des chefs d’entreprise, des étudiants, des experts dans un domaine…). Et évitez de tout écrire car vous prenez le risque de lire vos notes. Préférez, si cela est possible, quelques mots-clés autour desquels vous broderez.
Soignez la forme
Reste que même si votre argumentation est bien bâtie mais que vous négligez la forme, le flop est assuré ! Comme au théâtre, l’interprétation et la mise en scène sont des facteurs déterminant de succès. Vos premiers alliés sont votre regard et votre gestuelle. Balayez la salle en ayant des vrais « eyes contacts » avec certains spectateurs, les yeux dans les yeux pendant une seconde. Et utilisez vos mains pour argumenter, pour ponctuer vos propos. Votre carte maîtresse reste votre voix. N’hésitez pas à insuffler de l’énergie lorsque vous parlez, mais sachez aussi jouer avec le silence. Les pauses permettent en effet d’appuyer certains propos, de rompre l’uniformité et laissent le temps à vos auditeurs de digérer les informations. N’hésitez pas à prendre les spectateurs à témoin pour casser la monotonie. Enfin n’oubliez pas de sourire pendant votre allocution…
No stress…
Cœur qui palpite, mains moites, voix qui chevrote… Même si vous êtes rompus à la prise de parole et à la scène, sachez que le trac ne disparaît jamais complètement. Le vrai secret, c’est le travail, la répétition et la visualisation du lieu de l’intervention si vous le pouvez. A défaut, il vous est possible de l’imaginer comme le font les sportifs quand ils visualisent le match clé ou la descente en ski. Testez plusieurs fois votre prestation « à froid » chez vous à la caméra, vous verrez que même si intérieurement vos entrailles sont en panique, vous avez l’air zen ! Relativisez vos émotions car le public ne perçoit pas votre trac avec la même acuité que vous. Vous ne jouez pas votre vie sur votre intervention, et même si votre prestation est en demi-teinte, elle ne peut à elle seule sonner le glas de votre carrière. En résumé, un seul mot : confiance !
A propos
Pascal Le Guern est journaliste et formateur. Chroniqueur à France Info pendant 17 ans, il a été présentateur à Europe 1. Il est formateur auprès de grands groupes industriels pour des sessions de prise de parole en public et de media-training. Auteur de nombreux livres, c’est un spécialiste du paralangage.
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